à Bruxelles, la saga des tunnels, la mystification de la gestion architecturale des Musées fédéraux.
à Tournai, l’étonnante aventure du Pont des Trous…et le résultat si peu surprenant de la si populaire consultation.

capture d’écran du 3 juillet 2018 Wikipédia – Tournai
Construit au XIII ème siècle le pont des Trous visible actuellement est une restauration datant de 1948, bien peu représentative de ce qu’il fut.
La restauration de 1948, suite aux bombardements de 1940 a déjà fortement modifié le profil de l’ouvrage: rehaussé de 2,40 mètres, arche centrale élargie, emploi du béton et simple parement de pierre: il peut encore faire illusion. Une photographie datée 1892 nous en livre une toute autre vision…La largeur, la hauteur des arches sont presque égales, les ogives légèrement aplaties, le tout donne un pont trapu, robuste d’aspect.
Mais l’époque évolue, les liaisons fluviales reviennent dans l’actualité, le gabarit des barges et bateaux augmente et nécessite des ajustements: tours et détours, le choix politique s’est porté sur le maintien du cours de l’Escaut entraînant la destruction/reconstruction (partielle?) du pont. Patrimoine ou modernité, la question est posée, peut-être mal formulée!
Voici l’avant-projet mis en délibéré, dans ses deux versions : l’une de pierre, l’autre de métal ajouré…
Métal ou pierre, la consultation populaire ne pouvait qu’entériner le conformisme absolu: le pastiche du passé, en pierre, au détriment de toute vérité patrimoniale et architecturale.
Mais aux dernières nouvelles, une proposition pour le moins romantique s’est glissée au devant de la scène: une ruine dans le plus pur style d’Achille Etna Michallon. Que de peintres perdus dans les brouillards de l’Escaut, seront reconnaissants à l’auteur de cet audacieux projet de pouvoir poursuivre ce délicat travail de mémoire. J’oubliais de vous dire que l’esquisse serait de l’architecte Olivier Bastin.
Des alternatives ont été suggérées, dont celle de Michel Wiseur. Elles auraient pu convaincre les pouvoirs publics s’ils ne s’étaient lancés dans une périlleuse et probablement démagogique consultation populaire, leur permettant de ne pas assumer le choix.
La solution proposée par l’architecte Michel Wiseur, avait l’élégance de reconnaître la mutilation du pont, écrite dans l’histoire, sans le mauvais goût d’un vocabulaire bâtard.
© delirurbain octobre 2016
17 décembre 2016 – addenda
dans le Soir du 3 décembre 2016, je découvre avec « émotion » la caricature finale du pont des trous. Est-ce un (pauvre) simulacre de nef gothique, le vocabulaire maladroit d’un enfant (charabia) ou le testament d’un architecte épuisé…
D’autres arches seront-elles disséminées sur le fleuve, telles des perles égrenant les ouvrages d’arts rendus caducs par la modernité…

©Le Soir – 3/12/2016 capture d’écran
une pétition aux propositions intéressante est à lire, et peut-être à soutenir, à chacun de juger:
3 juillet 2018
le pont à Ponts vient de céder sa place à son homonyme, qui ose une silhouette légère, primesautière même, enjambant l’Escaut d’un seul pas. Nul tournaisien ne le regrettera probablement, l’archéologie s’enrichit, l’ancienne structure découpée, morcelée rejoindra le panthéon des ponts tournaisiens, dont le Pont à trous évoque sans équivoque les guerres perdues de l’authenticité.