Archives de Catégorie: Urbanisme

Magasin 4 échoue à bon port…

delirurbain doit des excuses à ses lecteurs: il y a bien eu un appel ( discret ?) à manifestation d’intérêt auquel 46 équipes ont répondu (l’écho du 08 janvier 2021) dont 5 ont été sélectionnées…

2015 allée du port ©delirurbain

Une bonne nouvelle peut en cacher une autre, douloureuse : ces derniers jours plusieurs médias ont confirmé l’attribution d’un terrain et la construction d’un nouveau port d’attache pour le magasin4, qui plus est au sein de la zone portuaire bruxelloise ou de ce qu’il en reste…

https://www.lesoir.be/128961/article/2017-12-12/le-magasin-4-doit-fermer-lautomne-2018

2015 salle de concert, allée du port ©delirurbain

Delirurbain se réjoui de cette nouvelle.

Magasin4 était un projet éminemment éphémère et marginal au départ. Sa disparition fut parfois imminente

Sa pérennité en tant que scène underground semble tout aussi constitutive du paysage culturel que le musée du chat si audacieusement arrimé au cœur du quartier des arts par différents pouvoirs publics du mille-feuille bruxellois.

Deux projets bien divergents, deux accouchement presque simultanés…

Un problème commun: l’architecture.

Le bureau d’architecture est choisi (CENTRAL* ) suite à un appel à « manifestation d’intérêt » sur le site web du BMA*. CENTRAL s’appuie aussi sur les compétences de quatre personnes ou sociétés autres: Elzo Durt (artiste visuel) Sandrine Tonnoir (architecte, coordinatrice du projet Zinneke, place Masui) Landzicht, Servais engineering architectural.

Des esquisses et même plus sont diffusés dans les organes de presse, élogieux sur tous les points…Le programme dépasserait même les attentes du Magasin4 …et anticiperait sa possible disparition.

Ce 25 mai, passé une première sidération à la découverte du projet dans les médias, delirurbain a cherché et lu l’historique du projet sur le site du BMA et dans la presse (liens ci-dessous) Au vu des cinq propositions initiales, le choix final semble un compromis et il serait intéressant que le BMA et les lauréat.e.s expliquent ce choix…

L’option finale semble surprenante aux yeux de delirurbain. Le musée du chat ou Magasin4, les deux projets semblent marqués au fer d’une certaine indigence architecturale.

« L’équipe de CENTRAL, indique que « Le Magasin 4 voit double. Salle mythique de la culture underground depuis plus de 25 ans, le Magasin 4 trouve enfin un lieu à sa mesure le long du canal de Bruxelles. Un nouveau temple, dédié à la fête et à la musique, est imaginé par le bureau CENTRAL. Véritable infrastructure culturelle et évolutive, le potentiel spatial du lieu est doublé, permettant d’augmenter les activités prévues et s’ouvrir à d’autres futurs possibles. Une architecture publique, célébrant les initiatives et l’énergie bruxelloises, adresse son altérité sur le quartier et la ville. “ op. cit.

https://www.lejournaldelarchitecte.be/actualite/projets/be/5196-sau-ville-et-region-choisissent-le-projet-de-central-pour-la-future-salle-de-concerts-du-magasin-4.html

et le texte promet l’incertitude: “et s’ouvrir à d’autres futurs possibles.“

Illusionniste, le PO promet déjà le changement!!!


2021 © lavenir.net : Magasin4 capture d’écran

Plutôt qu’un énième bâtiment sans personnalité, comme il sied à l’image bruxelloise, profiter du no man’s land du port pour imposer une présence un peu plus rugueuse en adéquation avec le projet de Magasin4 aurait été un véritable cadeau architectural… Las, un peu de rayure, une terrasse vitrée, un auvent de cinéma année 50…le quotidien déprimant de l’urbanisme bruxellois

La ville se stérilise et les derniers terrains de jeu underground prennent des airs grand bourgeois…

2015 – joyeux désordres aux abords du Magasin4 ©delirurbain

quelques liens….

APPEL À MANIFESTATION D’INTÉRÊT https://bma.brussels/appel-magasin-4/

Lauréats https://bma.brussels/app/uploads/2021/05/FACTSHEET-Magasin-4.pdf

CENTRAL OFFICE FOR ARCHITECTURE AND URBANISM (Central était aussi en charge du projet de transformation du bâtiment “IMAL“ Quai des Charbonnages)

https://bx1.be/communes/bruxelles-ville/la-societe-darchitectes-central-realisera-le-futur-magasin-4/

“Le bien nommé TACT (Terrain adjacent au centre TIR) est propriété du Port de Bruxelles et situé entre le Centre TIR et la ZoneD de Tour & Taxis. Ce terrain de 2,5ha, inscrit au PRAS en ZATP, est divisé en concessions et accueillera bientôt des entreprises. Chaque concession, ou presque, fait l’objet d’un concours d’architecture. Les activités, principalement productives et commerciales, qui s’y implantent se développent habituellement selon des modèles périphériques, c’est-à-dire une boîte entourée d’un parking. D’ailleurs, la majorité des entreprises travaillent principalement avec des modèles génériques et duplicables. Ici, la volonté est de réinventer le modèle «Drogenbos», non pas en appliquant des panneaux décoratifs, mais plutôt en intégrant un vocabulaire urbain tel que la mitoyenneté, l’alignement des façades, l’intégration des parkings et des enseignes, mais aussi en organisant des concours avec les acteurs économiques. Il s’agit d’un zoning sur-mesure pour la ville.“

Géraldine Lacasse & Julie Colle – A+262 – En collaboration avec l’équipe du maître architecte de la Région Bruxelles Capitale

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Geluk…kijk museum

comme delirurbain le relatait le 25/11/2018 à 15 h 26 min le musée Geluck prend ses marques.

Une opposition se fait jour tardivement. Deux éminents artistes* contestent cette opération qualifiée ici même de « touristique » et inappropriée « urbanistiquement » sinon culturellement. Mais je ne peux suivre les auteurs de cette pétition qui excluent le chat de la culture.

Les sphynx égytiens sont-ils de la culture? Les dinosaures du musée des sciences naturelles sont-ils de la culture? Faut-il fermer le musée de l’image imprimée à la Louvière? Le musée de la BD, le musée Hergé? et n’oublions pas la saga Folon, que la région Wallonne a boosté à La Hulpe après des échecs répétés d’implantation à Bruxelles (idem pour Hergé)

Il faut reconnaître que le musée du train et sa scénographie Schhuiten-iste ont par contre réussi leur implantation à Schaerbeek

Sans opinion sur ce sujet, delirurbain convient que dans un passé proche, un musée est/était destiné à la conservation et la présentation de biens patrimoniaux dans un soucis scientifique et de partage, mais sans a-priori esthétique ( musée du pilori, mundaneum, de la bière, du slip, de la dentelle…) à part les MRBA bien entendu.

Par un curieux raccourci, les musées d’art ont de plus en plus semblé vouloir influer, sinon refléter l’actualité. Celle-ci étant généralement plus véloce, la course semblait perdue pour ces institutions, à l’origine plus friandes des frises du Parténon, de « figures africaines », de Rops, de Rodin, de Magritte…

Digression: dans une interview récente l’actuel directeur des Musées des Beaux Arts disait à la RTBF : un musée Alechinsky , tel celui de Magritte, serait envisageable au vu des nombreuses œuvres présentes au sein des collections…(cité de mémoire)

Digression: le même directeur se fait photographier à côté de Brad Pitt (?) devant un Breughel alors qu’il vient d’annoncer que la section était fermée pour six mois, faute de personnel, au public normal, vous et moi

Brad Pitt, Aléchinsky ne soyons pas mesquins, auraient probablement apprécié une station Geluck

Le paragraphe suivant, relevé dans la pétition initiée par nos artistes contestataires, est indicatif des motivations profondes de cette humeur:

“Provocation encore, quand la Région consacre des moyens publics importants à favoriser le fantasme narcissique d’une star, tandis que la plupart des artistes bruxellois.es éprouvent de graves difficultés à survivre et à montrer leurs œuvres dans des conditions décentes. Vous n’êtes pas sans savoir que la situation, qui n’était déjà pas bonne avant la pandémie, n’a fait qu’empirer suite aux mesures sanitaires imposées par les différents niveaux de pouvoirs“ bop cit. pétition.

Quel rapport avec la création d’un musée si détestable soit-il?

La question se pose : l’art est est-il un organe du gouvernement? L’art officiel reproché par le passé aux commissions d’achat? L’art incestueux des professeurs et de leurs élèves? Des musées pour quelles coteries?

Comme delirurbain le disait dès le 1 janvier 2019, un débat aurait dû être organisé dès lors pour l’affectation de ce lieu. Le fait du prince est intolérable, que celui-ci s’appelle Rudi, Philippe, Michel ou autre…

Le réveil est bien tardif et la presse depuis 2018 n’a fait que flatter l’égo du chat…à part peut-être Le Figaro.

Qui s’en est soucié.

En 2010 qui a pris la parole pour mettre en question la politique du fait accompli du toujours directeur du Musée des Beaux-Arts et de sa ministre de tutelle, Sabine Laruelle? ….En dehors du petit groupe activiste muséesansmusée/muzeumzondermuzeum…personne.

En 2021, Kanal-Pompidou, le musée du Chat prennent forme.

Bonjour Bruxelles

*pour info: signataires et initiateurs de la pétition:

Denis De Rudder – artiste et ‎professeur, responsable de l’option dessin · ‎ENSAV-La Cambre

Sandrine Morganteartiste et conférencière ‎ENSAV-La Cambre

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Ceci n’est pas un minaret

Transformation of the Jewish Museum of Belgium by Tab Architects
in collaboration with Barozzi Veiga and Barbara Van der Wee Architects – ©capture d’écran “Tab Architects“

ni une basilique, ni une synagogue, juste le mirador d’un musée qui essaie de sortir du lot au prix de contorsions architecturales “néo conservatrices“ dans un quartier jusque là, presque épargné par le cynisme dévastateur de certains promoteurs et architectes…Bienvenue aux nouveaux iconoclastes

Est à apprécier particulièrement l’extrême porosité de style entre les niveaux inférieurs et le déambulatoire supérieur

les premiers commentaires de grands connaisseurs de Bruxelles dans bruxelles-city-news:

Kristiaan Borret, Maître Architecte bruxellois

“La nouvelle image donnée au musée s’inspire de l’architecture existante tout en convoquant l’imaginaire d’architectures lointaines : l’objet a une présence forte et mystérieuse à la fois. Il interpelle, suscite la curiosité, invite à la découverte, ce qui est particulièrement adéquat pour un musée de civilisation. Le dialogue entre l’existant et la nouvelle intervention n’est jamais univoque“

Karine Lalieux, Ministre des Pensions et de l’Intégration sociale, chargée des Personnes handicapées, de la Lutte contre la pauvreté et de Beliris

« Nous sommes heureux de soutenir cet ambitieux projet de rénovation du Musée juif de Belgique : un projet qui tient compte des besoins du musée et qui respecte le patrimoine de Bruxelles et de ses environs.

La “geste“ architecturale bruxelloise pavoise

Ne serait-ce pas un nouveau dialogue de sourd ou peut-être d’aveugle…

delirurbain

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Image du jour: l’illustration d’une certaine désinvolture dans l’information…

place De Brouckère – La Libre 23 mai 2020 – capture d’écran

Le confinement est un temps fort de l’information. Chacun peut se pencher à loisir sur l’information et la disséquer objectivement. Les sites critiques sont multiples et un minimum d’attention peut mettre à jour certaines anomalies.

De profundis l’hôtel Métropole, place De Brouckère à Bruxelles, victime potentielle auto proclamée des attentats, du piétonnier, du lockdown et peut-être de choix commerciaux hasardeux tel  que la fermeture du restaurant pendant presqu’un an pour en changer de gestionnaire sans avoir à payer de dédit…(des on dits …) et la rénovation de chambres et du mobilier de la salle à manger, pompeuse, mais sans valeur ajoutée…Pauvre patrimoine.

L’illustration de La Libre étonne dans ce sens qu’elle reprend sans hésitation pour illustrer l’actualité d’un évènement bien banal, des travaux place De Brouckère, la simulation d’un bureau d’architecture pour un projet en cours de développement. Le projet comprend entre autre un nouvel hôtel de 156 chambres, 129 kots étudiants et 183 appartements…

Le problème ici se trouve dans l’utilisation d’un document de fiction pour illustrer une actualité réelle.

Le façadisme à Bruxelles reste une constance. La presse pourrait en débattre et non se contenter de le propager comme une évidence

Par ailleurs, rassurez vous, le Pont des Trous à Tournai exhibe lui aussi ses racines, fondations historiques en béton et autres délicatesses, le nouveau parc d’attraction ouvrira bientôt ses portes rive gauche ou  rive droite. Petite diversion à Namur, il y a le Delta, il y avait le Grognon, il y aura la Confluence !!!

 

 

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architecte, toujours le mot pour rire

sous un ciel gris, une autre réalité s’affirme, plus massive et inexpressive ©delirurbain 2020

 

Alors que rue Lebeau des habitants doivent encore se mobiliser contre l’érection d’un nouveau projet/chancre immobilier, le chantier du nouveau siège de Paribas-Fortis rue Ravenstein touche à sa fin et l’on découvre le visage final de ce nouveau tropisme urbain typiquement bruxellois. Pour mieux apprécier la subtilité du jeu, vous trouverez ci-dessous les éléments de langage indispensables à une bonne compréhension du projet…

rue Ravenstein – BNP Fortis Paribas et BOZAR ©delirurbain 10/2019

 

« Ce n’est pas une rupture avec le passé », a assuré Max Jadot, le patron de BNP Paribas Fortis, à l’occasion de la présentation du projet. « On a opté pour la continuité. On se situe ici sur le site historique de la Générale de Banque. Mais en même temps, notre nouveau siège reflétera la banque du futur. Nous voulons que nos équipes s’y sentent bien tout en apportant une plus-value à la communauté », a-t-il ajouté.

rue Ravenstein – BNP Fortis Paribas et BOZAR ©delirurbain 10/2019

“Le nouveau bâtiment, développé par le bureau autrichien Baumschlager Eberle, s’intégrera mieux dans le paysage, ne dépassant pas les bâtiments voisins.
Les lignes verticales seront également privilégiées afin de correspondre à l’architecture du quartier tandis qu’une galerie avec des espaces ouverts donnera sur la rue Ravenstein.“

extrait de l’article de l’Echo du 23 janvier 2014 – source Belga

siège BNP Fortis Paribas Bruxelles – esquisse – capture d’écran 2014

Il est bien entendu que la toiture est verdurisée et que trois cours intérieures permettent au soleil de pénétrer le bâtiment dont l’audace éblouit le spectateur naïf. Nos photos sont loin de rendre l’extraordinaire finesse de la subtile transcription de l’architecte. Les reflets verdoyants sur la façade évoquent avec bonheur la végétation lointaine du square de la rue des 12 apôtres…L’espace public est-il malmené? Ce bâtiment sera-t’il un jour inscrit au patrimoine en péril? Ou rejoindra-t’il le lot inépuisable d’occasions ratées si chères à Bruxelles.

siège BNP Fortis Paribas Bruxelles – simulation – capture d’écran 2014

https://delirurbain.org/2014/09/14/bouwmeester-la-question/

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Dernière minute

le vingt-et-un juillet, le quatorze juillet, le dix juillet, le premier juillet, … les fêtes nationales n’en finissent pas de meubler l’été…

Les congés du bâtiment par contre nous offrent quelque répit  pour réfléchir à divers projets vitaux, ou néfastes pour l’architecture, la planète, leur environnement  selon le point de vue: le barrage El Nahda, de Belo Montevital , le GEM de Heneghan et Pengle au Caire, le  démontage du Pont des trous ou l’abominable projet du Musée des Beaux-Arts de Tournai de XDGA, le nouvel Horta.

“L’ordonnance c’est la hiérarchie des buts, la classification des intentions.
L’homme  voit les choses de l’architecture avec ses yeux qui sont à 1 mètre 70 du sol. On ne peut compter qu’avec des buts accessibles à l’œil, qu’avec des intentions qui font état des éléments de l’architecture. Si l’on compte avec des intentions qui ne sont pas du langage de l’architecture, on aboutit à l’illusion des plans, on transgresse les règles du plan par faute de conception ou par inclination vers les vanités.
“ Le Corbusier – Vers une architecture“  1923 – rééd. Champs arts 2009-p 143

Rapportés au projet de Xaveer  DG ces phrases sonnent comme un désaveu total du projet d’extension du Musée des Beaux-Arts de Tournai.

Comme un poète pompier incendiaire, XDGA nous enfume de belles promesses. Qui donc pour les décrypter, les déconstruire et repartir comme Le Corbusier le préconisait de l’essentiel:
Le plan procède du dedans au dehors; l’extérieur est le résultat d’un intérieur

Cet axiome est en soi la condamnation d’un  projet qui n’a même pas la qualité d’être hérétique.

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Pont des trous, requiem

Si le planning est respecté, les premiers moellons du pont devraient être descellés dès le début du mois d’août 2019 et l’armature de béton rapidement mise à jour, démystifiant un peu plus l’authenticité de l’ouvrage.

Aujourd’hui 2 août, la démolition commence

Cette vue en cours de chantier permet de voir la structure moyenâgeuse en béton…

 

2 août 2019 – Notele© capture d’écran

 

 

1946? – avant toute intervention contemporaine, bien loin de l’image falsifiée actuelle. Quel patrimoine sauvegarder ? – capture d’écran 2019

Pour comprendre les mutilations successives de celui-ci, quelques reproductions  de planches de l’édition de 1864 de “Tournai ancien et moderne“ par A.-F.- I. Bozière montrant le Pont des trous, avant sa première restauration (circa 1840?)

Mais déjà sous Louis XIV certaines modifications y avaient été apportées, de peu d’ampleur semble-t-il.

Lors de cette première restauration (1847) vont disparaître le toit, et la morgue construite sous la première arche disparaîtra en 1858.

Sans parler des quais, qui il faut le souligner n’ont plus rien de médiéval et, les travaux terminés, auront une esthétique de station balnéaire.
N’y voyez aucune nostalgie: il faut pouvoir effacer le passé et donner sa place au futur, là ou l’économie l’impose…ce qui a été le cas pour le cours de l’Escaut depuis l’implantation de la ville sur ses bords. Le parallèle peut être fait avec les grands axes routiers qui éventrèrent de nombreuses villes et qu’aujourd’hui on peine à réduire.

Mais peut-être tout paysage ne doit-il pas se transformer en Dysneyland…

Les tournaisiens semblent avoir tranché.

Le Pont des Trous peu avant sa rénovation de 1847

Une vidéo édifiante de Notele sur la mise à niveau du Pont des trous en 1948…

https://www.notele.be/list151-pont-des-trous-media25272-la-restauration-du-pont-des-trous-apres-la-guerre–extrait)-17-06-13.html

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Tournai, Horta, XDGA, Combat

Tournai souhaite rénover son musée des Beaux Arts

Bien mal adapté au réchauffement climatique et aux normes muséales actuelles celui-ci mérite grandement une réhabilitation

La ville, à partir de ce constat, souhaite agrandir ce bâtiment et en faire un pôle muséal majeur, sinon phare pour la région.

Le lauréat du concours est XDGA, bureau bien connu du gotha architectural belge et même étranger, souvent grand favori des concours.

Pour cette revitalisation (destruction?) de l’œuvre de V. Horta, le squelette du Musée sera percé de pas moins 11 portes/ouvertures* à travers lambris et murs permettant un parcours fluide et complexe entre les différents points de rencontre et d’exposition (voir capture d’écran, la circulation proposée?).

bleu: cheminement possible au sein du nouveau complexe –  en rouge: les baies nouvelles  (coloriage delirurbain)     original ©XDGA-capture d’écran

 

2019 façade actuelle du Musée, avec simulation d’une tour selon XDGA ©delirurbain

 

XDGA -capture d’écran

La magnifique vue frontale révélée par le site de l’architecte ne tient absolument pas compte de la déclivité naturelle du terrain et de la distance. Il donne donc un point de vue irréaliste: volonté manifeste de tronquer les perspectives ou errement technique naïf sur l’importance du point de vue ?

Le point de vue choisi aplatit les proéminences du bâtiment et donne une vue plus dégagée sur la (mini) tour, qui bien que dressée sur ses ergots n’atteint pas la force du Beffroi! Le musée veut se donner de l’ampleur, mais n’est que boursouflé. L’architecture ne se juge pas que du sol, et les architectes ne se privent pas de montrer des perpsectives aériennes pour vendre leurs projets. La comparaison n’est pas toujours en leur faveur:

vue aérienne du Musée des Beaux-Arts de Tournai – ©carte postale du Musée

La forme originale de “ tortue » ou“scarabée“ qui est l’âme et la spécificité de l’œuvre est engloutie par XDGA dans une structure informe (carrée) “transparente“ comme aiment à le rappeler les architectes contemporains.

Ce qui surprend dans ce projet est l’envahissement total de la parcelle, cours et espaces verts compris. Comme dit au début de l’article, le bâtiment dégagé et qui aurait pu voir renforcer la lecture de sa forme particulière par un aménagement extérieur original est au contraire effacé, englobé dans un ensemble rigide aux contours mal définis de mitoyens irréguliers. Les voisins exultent!

Tours et détours et autres murs ou plafonds de l’extension deviennent transparents/invisibles par la magie des mots…

Le bâtiment original des Beaux-Arts de Victor Horta change discrètement de fonction: horéca, art shop, services.

La nouvelle construction, dont l’image ci dessous donne une idée de la grande originalité intérieure et de la scénographie audacieuse envisagée, absorbe la partie noble des fonctions. Le musée se dote d’une tour de verre, lointain écho des fortifications disparues que Tournai s’emploie encore à effacer tel le Pont des trous qui risque bientôt d’être tout aussi transparent.

Rejoignant en cela la critique de l’ancien conservateur*, et sans aucune sympathie pour ses positions sur l’art contemporain, il faut reconnaître le massacre du bâtiment. La mise en place d’un système de climatisation ne paraissait pas plus destructrice que l’intervention de XDGA.

tel un showroom, s’étale la mortelle vision d’un musée soi-disant contemporain

La description du projet est un régal sémantique dont ces citations donnent un aperçu:  percoler: mettre en lumière, nappe: couvrir de bout en bout un espace naturel “

  • NAPPE
  • A l’intérieur de l’îlot, l’ensemble des parcelles non-construites sont envahies par une nappe de salles orthogonales en contraste avec la structure radiale du musée existant, mais topographiquement identiques. Elles offrent un paysage hybride d’exposition, d’une part, divisé par des cloisons qui forment des salles de tailles variées, d’autre part unis par des angles ouverts de circulation offrant des perspectives diagonales et traversantes. Ce paysage crée aussi une grande liberté dans l’organisation des sept thèmes de l’exposition permanente. De multiples circuits y sont possibles. Ceux-ci intègrent les salles existantes où sont exposées les sculptures et autres œuvres de la collection pouvant profiter de la lumière naturelle abondante. Une toiture horizontale laisse percoler une lumière naturelle modérée et contrôlable dans la nouvelle extension.“*

et plus loin: “La billetterie du musée, le bookshop et la cafétéria y sont organisés à l’aide de pavillons isolés. Se trouvent également présents dans cet espace, les espaces pédagogique, l’espace social pour les employés ainsi que les bureaux au premier étage. L’ensemble de ces fonctions participent à l’animation et à la vie publique de l’institution tout en permettant de conserver un certain degré de contrôle social.“ et ceci à mettre en parallèle avec Foucault :“imposer une conduite quelconque à une multiplicité humaine quelconque“ Michel Foucault, Surveiller et punir- p. 207

 

 

Le cimetière des fausses belles idées n’est pas prêt de fermer, le panthéon des architectes de disparaître.

Horta souffrira encore. Le remède est souvent pire que la maladie.

© delirurbain

*selon un décompte personnel et sans connaissance des plans définitifs

*la perspective est probablement inexacte, un fort dénivellement étant ignoré dans le rendu

*https://www.latribunedelart.com/tournai-le-musee-reve-devenu-cauchemar

*https://tournai.blogs.sudinfo.be/archive/2016/09/06/renovation-et-extension-du-musee-des-beaux-arts-de-tournai-200331.html

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Sacré Square , l’engouement pour le façadisme

Guerre aux chancres, le renouveau flamboyant des promoteurs au centre ville semble encouragé par les pouvoirs communaux.
Après la rue du Marché aux Peaux et la rue d’une Personne avec le complexe “Îlot Sacré“* , le complexe “Square sacré“ * mérite l’intérêt du passant pressé…

Un ensemble aux ambitions luxueuses…se dissimule derrière l’alibi de façades dues à des architectes autrefois renommés et actifs dans l’univers avant-gardiste de leur époque.

Faisant fi du parcellaire, qui d’une certaine façon participe de l’authenticité d’un territoire historique, ces nouvelles interventions effacent de manière irréversible la mémoire du tissus urbain originel. Ces agissements ont pour commun dénominateur les vocables dents creuses, assainissement, mais jamais réinvention urbaine, audace, architecture humaine. Standardiser l’habitat mieux encore que  Le Corbusier, mais sans la réflexion. Ce sont des machines à habiter pour riches citoyens, transposables dans tous les interstices disponibles ou rendus tels par la spéculation. Lamentable, la ville échappe peu à peu à ses citoyens, sans grande opposition par ailleurs. Aseptisés, ces îlots d’entre soi ne créent pas de vivre ensemble, mais plutôt des forteresses aux lourdes grilles…

Les bâtiments des Hamesse, Blomme, Bourgeois (à Namur) auraient peut-être dû disparaître complètement plutôt que leurs façades ne servent d’alibi à une ville “d’apparence“ dont le centre historique devient un nouvel exemple, ville de carton pâte livrée en pâture à des visiteurs peu exigeants.

façade Paul Hamesse © delirurbain 1/2019

façade Adrien Blomme © delirurbain 1/2019

façade Antoine Dujardin © delirurbain 1/2019

De nombreux projets déjà réalisés (Azur, Caisse d’Epargne,…) ou à venir témoignent de la croyance en un renouveau du Centre ville, mais souvent ils semblent bien fermés sur eux-même et sans véritable vision architecturale…

 

*op cit.   “Le projet Îlot Sacré marque une nouvelle phase de l’histoire de l’architecture contemporaine d’un site dans le cœur historique de la capitale belge, au sein du périmètre UNESCO.“op cit.

*op cit “Situé au cœur du centre historique de Bruxelles,« Square Sacré » propose un large choix de logements de haut standing au sein du périmètre de protection de l’UNESCO. Situé au cœur du centre historique de Bruxelles – SQUARE SACRÉ se partage en 4 entités distinctes sur la rue de l’Ecuyer et la rue des Dominicains. Les immeubles rue de l’Ecuyer ont été conçu par des architectes de renom du début du XXe siècles dont « PAUL HAMESSE » , « ADRIEN BLOMME » et « ANTOINE DUJARDIN», ceux de la rue des Dominicains sont des maisons typiques du XVIIe siècle.“

 

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2019

Place des Palais – bâtiment 1930  © delirurbain 2/01/2019

 

delirurbain vous présente ses meilleurs vœux !

et particulièrement ceux  pour une architecture contemporaine et audacieuse qui s’insèrerait dans les dents creuses de la ville s’il en est encore temps !

Entre pastiche et recyclage, Bruxelles évolue péniblement. Le piétonnier chemine et sera bientôt livré/confronté à ses utilisateurs, piétons, cyclistes, livreurs, chalands, skateurs et autres …

Plusieurs chantiers emblématiques d’un renouveau possible mais bien timide sont en phase de concrétisation: l’ancien siège de la Société Générale (rue Ravenstein), le nouvel hôtel de police (rue Montagne de l’oratoire) le centre administratif de la ville ( rue des Halles ) : trois projets conséquents mais aux ambitions peu convaincantes.

Approche également le premier coup de pioche de ce qui ressemble à une pitrerie: le Musée/Palais du Chat, place des Palais, cela va de soi . Comme dit précédemment l’auteur en est le prestigieux Pierre Hebbelinck et son bureau. Là n’est d’ailleurs pas l’interrogation, ne remettant en cause aucune de ses qualités.
Le sujet reste l’opportunisme d’un projet “privé“ en ce site classé et ce, quel qu’en soit l’auteur ou le sujet. La réflexion est aussi politique qu’urbanistique.Le bâtiment actuel, sobre tout en affirmant son époque, respecte les contraintes urbanistiques du site. Le musée du chat est tout son contraire.

On pourrait y voir un écho aux verrières dessinées par Victor Horta pour le Palais des Beaux-Arts, si ce n’était qu’il a dû les dissimuler derrière une balustrade néoclassique pour respecter les contraintes urbanistiques. Autres temps, autre réflexion, peut-être faut-il redéfinir ces limites. Là et ailleurs dans la ville, certaines de ces contraintes ont donné lieu à nombre de constructions bâtardes.

De la timidité de l’intervention  des années trente, l’on passe à l’affirmation d’un diamant à taille brute, qui devient point de mire: du haut de la place, reflétant le ciel et éclats lumineux, le soir se parant de mille feux intérieurs. Le site classé devient l’écrin de cette verroterie chatoyante.

Je vous livre donc  les quelques photos réalisées ce 2 janvier 2019 et les  perspectives y correspondant, dues à l’atelier Hebbelinck 

Musée du chat – vue de la place des Palais – Pierre Hebbelinck – 2/2/2019 capture d’écran

MdC 01

place des Palais – état actuel du bâtiment 1930 © delirurbain 2/2/2019

 

 

 

 

 

 

Survol rapide d’un projet surprenant de par son irruption dans un site classé dont les contraintes paraissaient intangibles et par la prétention de son sujet, un chat qui, à n’en pas douter, ronronne déjà . Le débat peut-il encore avoir lieu?

simulation à partir des éléments publiés - ©delirurbain

Place des Palais – Musée du chat – simulation de vue nocturne à partir des éléments disponibles © delirurbain 2/01/2019

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