


comme delirurbain le relatait le 25/11/2018 à 15 h 26 min le musée Geluck prend ses marques.
Une opposition se fait jour tardivement. Deux éminents artistes* contestent cette opération qualifiée ici même de « touristique » et inappropriée « urbanistiquement » sinon culturellement. Mais je ne peux suivre les auteurs de cette pétition qui excluent le chat de la culture.
Les sphynx égytiens sont-ils de la culture? Les dinosaures du musée des sciences naturelles sont-ils de la culture? Faut-il fermer le musée de l’image imprimée à la Louvière? Le musée de la BD, le musée Hergé? et n’oublions pas la saga Folon, que la région Wallonne a boosté à La Hulpe après des échecs répétés d’implantation à Bruxelles (idem pour Hergé)
Il faut reconnaître que le musée du train et sa scénographie Schhuiten-iste ont par contre réussi leur implantation à Schaerbeek
Sans opinion sur ce sujet, delirurbain convient que dans un passé proche, un musée est/était destiné à la conservation et la présentation de biens patrimoniaux dans un soucis scientifique et de partage, mais sans a-priori esthétique ( musée du pilori, mundaneum, de la bière, du slip, de la dentelle…) à part les MRBA bien entendu.
Par un curieux raccourci, les musées d’art ont de plus en plus semblé vouloir influer, sinon refléter l’actualité. Celle-ci étant généralement plus véloce, la course semblait perdue pour ces institutions, à l’origine plus friandes des frises du Parténon, de « figures africaines », de Rops, de Rodin, de Magritte…
Digression: dans une interview récente l’actuel directeur des Musées des Beaux Arts disait à la RTBF : un musée Alechinsky , tel celui de Magritte, serait envisageable au vu des nombreuses œuvres présentes au sein des collections…(cité de mémoire)
Digression: le même directeur se fait photographier à côté de Brad Pitt (?) devant un Breughel alors qu’il vient d’annoncer que la section était fermée pour six mois, faute de personnel, au public normal, vous et moi
Brad Pitt, Aléchinsky ne soyons pas mesquins, auraient probablement apprécié une station Geluck
Le paragraphe suivant, relevé dans la pétition initiée par nos artistes contestataires, est indicatif des motivations profondes de cette humeur:
“Provocation encore, quand la Région consacre des moyens publics importants à favoriser le fantasme narcissique d’une star, tandis que la plupart des artistes bruxellois.es éprouvent de graves difficultés à survivre et à montrer leurs œuvres dans des conditions décentes. Vous n’êtes pas sans savoir que la situation, qui n’était déjà pas bonne avant la pandémie, n’a fait qu’empirer suite aux mesures sanitaires imposées par les différents niveaux de pouvoirs“ bop cit. pétition.
Quel rapport avec la création d’un musée si détestable soit-il?
La question se pose : l’art est est-il un organe du gouvernement? L’art officiel reproché par le passé aux commissions d’achat? L’art incestueux des professeurs et de leurs élèves? Des musées pour quelles coteries?
Comme delirurbain le disait dès le 1 janvier 2019, un débat aurait dû être organisé dès lors pour l’affectation de ce lieu. Le fait du prince est intolérable, que celui-ci s’appelle Rudi, Philippe, Michel ou autre…
Le réveil est bien tardif et la presse depuis 2018 n’a fait que flatter l’égo du chat…à part peut-être Le Figaro.
Qui s’en est soucié.
En 2010 qui a pris la parole pour mettre en question la politique du fait accompli du toujours directeur du Musée des Beaux-Arts et de sa ministre de tutelle, Sabine Laruelle? ….En dehors du petit groupe activiste muséesansmusée/muzeumzondermuzeum…personne.
En 2021, Kanal-Pompidou, le musée du Chat prennent forme.
Bonjour Bruxelles
*pour info: signataires et initiateurs de la pétition:
Denis De Rudder – artiste et professeur, responsable de l’option dessin · ENSAV-La Cambre
Sandrine Morgante – artiste et conférencière ENSAV-La Cambre
ni une basilique, ni une synagogue, juste le mirador d’un musée qui essaie de sortir du lot au prix de contorsions architecturales “néo conservatrices“ dans un quartier jusque là, presque épargné par le cynisme dévastateur de certains promoteurs et architectes…Bienvenue aux nouveaux iconoclastes
Est à apprécier particulièrement l’extrême porosité de style entre les niveaux inférieurs et le déambulatoire supérieur
“La nouvelle image donnée au musée s’inspire de l’architecture existante tout en convoquant l’imaginaire d’architectures lointaines : l’objet a une présence forte et mystérieuse à la fois. Il interpelle, suscite la curiosité, invite à la découverte, ce qui est particulièrement adéquat pour un musée de civilisation. Le dialogue entre l’existant et la nouvelle intervention n’est jamais univoque“
« Nous sommes heureux de soutenir cet ambitieux projet de rénovation du Musée juif de Belgique : un projet qui tient compte des besoins du musée et qui respecte le patrimoine de Bruxelles et de ses environs.
La “geste“ architecturale bruxelloise pavoise
Ne serait-ce pas un nouveau dialogue de sourd ou peut-être d’aveugle…
delirurbain
Classé dans Urbanisme
Tournai souhaite rénover son musée des Beaux Arts
Bien mal adapté au réchauffement climatique et aux normes muséales actuelles celui-ci mérite grandement une réhabilitation
La ville, à partir de ce constat, souhaite agrandir ce bâtiment et en faire un pôle muséal majeur, sinon phare pour la région.
Le lauréat du concours est XDGA, bureau bien connu du gotha architectural belge et même étranger, souvent grand favori des concours.
Pour cette revitalisation (destruction?) de l’œuvre de V. Horta, le squelette du Musée sera percé de pas moins 11 portes/ouvertures* à travers lambris et murs permettant un parcours fluide et complexe entre les différents points de rencontre et d’exposition (voir capture d’écran, la circulation proposée?).
bleu: cheminement possible au sein du nouveau complexe – en rouge: les baies nouvelles (coloriage delirurbain) original ©XDGA-capture d’écran
La magnifique vue frontale révélée par le site de l’architecte ne tient absolument pas compte de la déclivité naturelle du terrain et de la distance. Il donne donc un point de vue irréaliste: volonté manifeste de tronquer les perspectives ou errement technique naïf sur l’importance du point de vue ?
Le point de vue choisi aplatit les proéminences du bâtiment et donne une vue plus dégagée sur la (mini) tour, qui bien que dressée sur ses ergots n’atteint pas la force du Beffroi! Le musée veut se donner de l’ampleur, mais n’est que boursouflé. L’architecture ne se juge pas que du sol, et les architectes ne se privent pas de montrer des perpsectives aériennes pour vendre leurs projets. La comparaison n’est pas toujours en leur faveur:
La forme originale de “ tortue » ou“scarabée“ qui est l’âme et la spécificité de l’œuvre est engloutie par XDGA dans une structure informe (carrée) “transparente“ comme aiment à le rappeler les architectes contemporains.
Ce qui surprend dans ce projet est l’envahissement total de la parcelle, cours et espaces verts compris. Comme dit au début de l’article, le bâtiment dégagé et qui aurait pu voir renforcer la lecture de sa forme particulière par un aménagement extérieur original est au contraire effacé, englobé dans un ensemble rigide aux contours mal définis de mitoyens irréguliers. Les voisins exultent!
Tours et détours et autres murs ou plafonds de l’extension deviennent transparents/invisibles par la magie des mots…
Le bâtiment original des Beaux-Arts de Victor Horta change discrètement de fonction: horéca, art shop, services.
La nouvelle construction, dont l’image ci dessous donne une idée de la grande originalité intérieure et de la scénographie audacieuse envisagée, absorbe la partie noble des fonctions. Le musée se dote d’une tour de verre, lointain écho des fortifications disparues que Tournai s’emploie encore à effacer tel le Pont des trous qui risque bientôt d’être tout aussi transparent.
Rejoignant en cela la critique de l’ancien conservateur*, et sans aucune sympathie pour ses positions sur l’art contemporain, il faut reconnaître le massacre du bâtiment. La mise en place d’un système de climatisation ne paraissait pas plus destructrice que l’intervention de XDGA.
La description du projet est un régal sémantique dont ces citations donnent un aperçu: percoler: mettre en lumière, nappe: couvrir de bout en bout un espace naturel “
et plus loin: “La billetterie du musée, le bookshop et la cafétéria y sont organisés à l’aide de pavillons isolés. Se trouvent également présents dans cet espace, les espaces pédagogique, l’espace social pour les employés ainsi que les bureaux au premier étage. L’ensemble de ces fonctions participent à l’animation et à la vie publique de l’institution tout en permettant de conserver un certain degré de contrôle social.“ et ceci à mettre en parallèle avec Foucault :“imposer une conduite quelconque à une multiplicité humaine quelconque“ Michel Foucault, Surveiller et punir- p. 207
Le cimetière des fausses belles idées n’est pas prêt de fermer, le panthéon des architectes de disparaître.
Horta souffrira encore. Le remède est souvent pire que la maladie.
© delirurbain
*selon un décompte personnel et sans connaissance des plans définitifs
*la perspective est probablement inexacte, un fort dénivellement étant ignoré dans le rendu
*https://www.latribunedelart.com/tournai-le-musee-reve-devenu-cauchemar
et particulièrement ceux pour une architecture contemporaine et audacieuse qui s’insèrerait dans les dents creuses de la ville s’il en est encore temps !
Entre pastiche et recyclage, Bruxelles évolue péniblement. Le piétonnier chemine et sera bientôt livré/confronté à ses utilisateurs, piétons, cyclistes, livreurs, chalands, skateurs et autres …
Plusieurs chantiers emblématiques d’un renouveau possible mais bien timide sont en phase de concrétisation: l’ancien siège de la Société Générale (rue Ravenstein), le nouvel hôtel de police (rue Montagne de l’oratoire) le centre administratif de la ville ( rue des Halles ) : trois projets conséquents mais aux ambitions peu convaincantes.
Approche également le premier coup de pioche de ce qui ressemble à une pitrerie: le Musée/Palais du Chat, place des Palais, cela va de soi . Comme dit précédemment l’auteur en est le prestigieux Pierre Hebbelinck et son bureau. Là n’est d’ailleurs pas l’interrogation, ne remettant en cause aucune de ses qualités.
Le sujet reste l’opportunisme d’un projet “privé“ en ce site classé et ce, quel qu’en soit l’auteur ou le sujet. La réflexion est aussi politique qu’urbanistique.Le bâtiment actuel, sobre tout en affirmant son époque, respecte les contraintes urbanistiques du site. Le musée du chat est tout son contraire.
On pourrait y voir un écho aux verrières dessinées par Victor Horta pour le Palais des Beaux-Arts, si ce n’était qu’il a dû les dissimuler derrière une balustrade néoclassique pour respecter les contraintes urbanistiques. Autres temps, autre réflexion, peut-être faut-il redéfinir ces limites. Là et ailleurs dans la ville, certaines de ces contraintes ont donné lieu à nombre de constructions bâtardes.
De la timidité de l’intervention des années trente, l’on passe à l’affirmation d’un diamant à taille brute, qui devient point de mire: du haut de la place, reflétant le ciel et éclats lumineux, le soir se parant de mille feux intérieurs. Le site classé devient l’écrin de cette verroterie chatoyante.
Je vous livre donc les quelques photos réalisées ce 2 janvier 2019 et les perspectives y correspondant, dues à l’atelier Hebbelinck
place des Palais – état actuel du bâtiment 1930 © delirurbain 2/2/2019
Survol rapide d’un projet surprenant de par son irruption dans un site classé dont les contraintes paraissaient intangibles et par la prétention de son sujet, un chat qui, à n’en pas douter, ronronne déjà . Le débat peut-il encore avoir lieu?
Le chat (Musée du) frémit, bien résolu à s’insinuer dans le tissus urbain très fermé et prisé de la place Royale. Le projet est entre les mains de Pierre Hebbelinck, architecte liégeois bien connu des amateurs d’arts pour être déjà l’auteur du Mac’s au Grand Hornu, et de bien d’autres projets.
Doit-on se réjouir de la nouvelle densification muséale du quartier, qui avait vu se fermer le musée “moderniste“ d’art moderne de Roger Bastin au profit d’un muséefin-de-sièclemuseum controversé ?
Le sujet ici n’est pas l’opportunité de consacrer un Musée à un auteur vivant (Antoine Wiertz n’avait-il pas obtenu de l’Etat la même faveur, contrairement à Camille Lemonnier ou Constantin Meunier, dont le bien fut transformé en musée à la mort) mais la façon d’esquiver toute réflexion publique sur les qualités ou non d’un immeuble 1930, plus encore d’un site, inscrit dans le paysage classé de la place des Palais, pour le remplacer par un nouvel objet, certes de verre vêtu, mais avide de visibilité… Bâtiment 1930 dont personne ne cite le nom de l’architecte témoignant par là du refus de lui attribuer, même un instant, de possibles qualités.
Quelques liens qui permettent de mieux appréhender le passé et le projet qui semble unanimement attendu par les responsables bruxellois du tourisme et de la culture.
Bonne lecture
PS: dégustée par hasard ce dimanche 25 novembre, la cerise sur le gâteau…
et comme Jean-Luc Mélenchon, un moment unique d’ubiquité
https://arau.org/au/05-12-21.pdf
https://arau.org/au/06-10-30.pdf
http://www.pierrehebbelinck.net/fr/projets/386
Musée d’Art Moderne, cinq années déjà…
Nous commémorons cette année le cinquième anniversaire de la fermeture d’un Musée fédéral.
La disparition de ce Musée n’est pas due à des troubles de guerre, des catastrophes naturelles ou humaines. La cause n’en est ni Daesh, ni Fukushima: il s’agit d’une décision managériale radicale et unilatérale du directeur: fermer (pour mieux déconstruire).
La Belgique et Bruxelles se propulsent ainsi au rang des premiers pays « civilisés » sans Musée d’Art Moderne/Contemporain « National »
Deux fois en un siècle, le Musée d’art moderne disparaît ainsi longuement de la scène publique, dans une indifférence presque totale, que ce soit du monde politique ou des « élites » culturelles, en dehors de la résistance désespérée de « Musée sans Musée ».
Cette fermeture aurait pu engendrer des débats passionnés: il n’en fut rien. Chacun, Région, Ville, Fédération Wallonie Bruxelles, n’y voit qu’une occasion d’accaparer le butin au mépris de tout respect communautaire. Lamentable.
La Culture du chacun pour soi? Les artistes semblent les moins concernés, comme s’ils avaient fait leur deuil de cet outil.
Comment penser que les politiques puissent être motivés face à cette absence d’enthousiasme des acteurs même du milieu…
quelques liens et réflexions …
http://gerarddewallens.blogspot.be/2016/02/anniversaire-de-deces.html
https://museesansmusee.wordpress.com/2016/01/20/cinq-ans-sans-musee-dart-moderne-cest-assez/
https://delirurbain.org/2014/09/14/bouwmeester-la-question
Classé dans Rappel
Bruxelles, ville en devenir (touristique) mise beaucoup sur ses sites classés et autres attractions “ciblées“ pour séduire les touristes, la plupart peu attentifs aux contradictions urbanistiques.
Musée d’art moderne, d’art moderne et contemporain, ou seulement contemporain, stade sportif, quartier européen, zone du canal et autres lieux à redéfinir et faire [re]vivre, font partie de la nouvelle donne urbanistique, sociétale. Les polémiques sont nombreuses, les enjeux souvent occultés.
Le temps est à plus de transparence, le public à droit à la publicité des débats, de leurs enjeux culturels et économiques. Les partenaires doivent être clairement identifiés, les lobbies visibles, les divergences de vues explicitées.
Léopold II, même visionnaire, est mort, le fait du prince obsolète.
2014 s’annonce riche en projets, osons débattre.
Nous profitons de ces images pour vous présenter les vœux de l’équipe et vous laisser rêver au Bruxelles promis…
Bruxelles, luna park sans foi ni loi?
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place des Palais – Bruxelles, 26 décembre 2013
Palais des Académies, Palais Royal, Brussels Skyliner, Brussels Ice Magic, tête sculptée…
©delirurbain
s’agiter, signe de temps divers
Le Musée d’art souterrain dédié à un musée fin de siècle émerge-t-il enfin?
Comme aiment le dire nombre d’architectes en parlant de leurs interventions en milieu urbain « requalifions, requalifions…. ». S’agissant ici de l’œuvre de Roger Bastin, le terme semble saugrenu.
La fin d’année est l’occasion de multiples bilans.
Les cieux d’hivers suggèrent une lecture plus critique du patrimoine: lumière différente, ciels gris, froid incisif, feuillage disparu, le regard est disponible, l’objet nu.
C’est le moment rêvé pour faire un peu d’analyse d’image, bien au chaud. L’actualité muséale est discrète, de report en fermeture, c’est l’occasion de vérifier la pertinence du propos, comme la bien discrète intervention de Winston Spriet (architecte ou muséographe) sous la pièce d’eau, aux niveaux -7 et -8, le bleu n’étant pas de lui)
Ne médisons pas. Le directeur du Musée des Beaux arts de Bruxelles a fait un effort considérable cet automne au risque de déstabiliser ses collaborateurs/conservateurs: il a complètement rénové et aménagé un entre-deux: ce qui n’était qu’un couloir poussiéreux séparant « Rubens » du « Moderne » * est devenu un temple à la mesure de la démesure de l’artiste Jan Fabre: JAN FABRE. CHAPTERS I-XVIII. WAXES & BRONZES
Ne pouvant photographier cette intervention, quoi de plus probant que l’interdiction comme illustration
*1er étage du patio où est reléguée une partie de l’accrochage « choix des conservateurs »
Un des grands moments architecturaux de cette décennie débutante (et toussotante) est aussi la forte présence de Calatrava dit aussi Patatras en écho à la Grèce dont il n’est pas. L’Acropole leur suffit. Les montois espèrent ne pas devoir un jour céder leur nouveau bonheur pour apurer leur dette souveraine.
Mais là encore une lecture des images s’avère intéressante
Ce chancre requalifié devient idyllique, le ciel bleu maîtrisé à la perfection par le designer, les nuages varient au gré des perspectives, nimbant d’une aura céleste ce lieu mythique, la blancheur des matériaux, vierge de tout graphe, irradie Mons et ses dragons.
Les Guillemins n’ont qu’à bien se tenir, eux qui déjà prennent de l’embonpoint et subissent l’empreinte du temps
Les photos sont trompeuses, un peu de soleil, un peu de ciel bleu, quelques retouches vendent un projet plus que les chiffres et la réalité des courants d’air. Les exemples sont légion, et ne prouvent rien.
Un détail peut tuer, mais reste probablement un détail.
Une vue aérienne sera toujours une fiction pour l’usager et probablement un leurre pour le commanditaire.
Mons je m’égare, Liège a son MAMAC, à Bruxelles toujours pas de musée d’art moderne, même pas en vue aérienne. Malgré moi le rêve m’emporte. Libeskind en congrès à Mons, Jean Nouvel en gare du Midi ? Arne Quinze à la Cité? Portzamparc à l’Europe? les noms ronflent, certains projets, avec bonheur sont avortés.
2013 sera une année porte bonheur, j’en tremble.
2012 sera un grand cru de l’Art
De nombreux lieux privés d’Art ou lieux d’art privé se sont ouverts ou fermés à Bruxelles ces derniers mois, accessibles par hasard, par paiement ou peut-être à la tête du client. Il est évident que ces initiatives privées pérennes ou épisodiques ne sont pas destinées à suppléer un véritable “Musée“, pas plus que les foires telles ARTBRUSSELS au Heysel, SLICKS BRUSSELS à la Wild Gallery (anciennement Diamant Boart) , OFF ART FAIR BRUSSELS 2012 à l’ancienne Bourse de Bruxelles.
Paul Magnette, ministre et explorateur téméraire, annonce par ailleurs (La Libre du 10/02/2012) sa décision d’affecter une surface de 3.000 à 5.000 m² détectée récemment au sein du Mammouth (KMSKB-MRBAB) en pleine hibernation, au redéploiement des collections d’art moderne, la durée exacte du réveil restant à déterminer.
Et surprise du chef, le Musée d’Art Moderne, jamais en reste, [r]ouvre ses portes avec une exposition “prestigieuse“ de tirages récents de photos anciennes de Stanley Kubrick.
Arguant d’affirmations de MD a.i., Paul Magnette, je cite:
“Le directeur général des MRBAB a jugé préférable de concentrer les moyens de mécénat et de sponsoring sur l’exposition « Jordaens et l’Antiquité » (12.10.12-27.01.13) et de présenter ce printemps (21.03.2011-01.07.2012) une exposition de photos du réalisateur Stanley Kubrick. Il s’agit de photos qui précèdent la carrière au cinéma du réalisateur dans une scénographie mettant aussi en valeur des pièces issues des collections des MRBAB.“ cherchez bien, je n’ai rien trouvé de semblable.
L’intérêt essentiel de cette exposition, n’est nullement l’œuvre présentée, déjà vue à Paris et promise à d’autres lieux, d’autres capitales, comme tant d’autres machines, quel qu’en soit son véritable intérêt, mais la visite souterraine de ce qui fut le Musée d’Art moderne de Bruxelles.
Parcourant le dédale souterrain qui relie cette noble et défunte institution aux Musées Royaux d’Art (Ancien ), au soi-disant département d’art moderne appelé Magritte Museum, dédale que Le Directeur Actuel (M.D.) dans un moment de confidence spontanée, avouait vouloir étendre à tout le réseau underground du mont des Arts, mon cœur se serre: que reste-t-il de ce bâtiment sinistré, tant décrié par son directeur, que reste-t-il de ce musée “Titanic“ pour employer un terme anniversaire. Vais-je trouver ce bâtiment scindé en deux, envahi par les flots, ou des hordes [sauvages] d’anguilles? Une scénographie novatrice à la Schuiten, va-t-elle me projeter au milieu d’un Nautilus de carton pâte pour prémétro, dans une glauque lumière sous-marine?
Je tâte les murs, non, il ne s’agit pas d’une visite virtuelle! Sur ma droite, je retrouve les diverses alcôves ou trônaient quelques pièces de la collection évacuée, niches servant aujourd’hui de dépôt rudimentaire, agréablement plongées dans l’ombre, par respect pour Stanley, la mascotte bouche trou actuelle de “l’art photographique moderne“, intégration que le directeur des lieux réclamait à corps et cri, projet abouti donc.
Ce qui frappe dès l’abord, est cette scénographie, certes sommaire, mais surtout obscure, qui consiste à plonger les lieux dans une délicate pénombre, telle que je l’avais traversée au sein du Magrittemuseum et du MAS à Anvers. Une obscurité au sein de laquelle seule votre ombre vient vous tenir compagnie, s’interposant même parfois entre vous et l’objet de votre curiosité…quel délicat suspens. La première surprise passée, je cherche des yeux la trace des travaux herculéens qui ont provoqué la fermeture du lieu, inadapté, cela saute aux yeux, à toute tentative de réhabilitation. Le sol est d’époque, certains détails d’usure ne trompent pas, l’orientation des cloisons est toujours la même. Ce qui surprend vraiment est la pénombre.
Roger Bastin a construit son bâtiment autour d’un puit de lumière, induisant une lumière indirecte, modulable: Il n’en reste rien. C’était donc cela le grand challenge: occulter durablement le naufrage du lieu voulu par son directeur. Quelques marches plus bas, je suis au cœur de l’exposition et de la confirmation de la supercherie médiatique: rien n’a changé, le musée moderne est toujours bien là, les cloisons ont la même orientation, le plafond paraît d’origine, les prises électriques, les prises d’air ont peut-être subit une cure de jouvence mais si discrète…
L’intervention magistrale de notre grandiose scénographe consiste en l’occultation totale du lieu.
Je cherche des traces d’inadéquation, de faiblesse des structures, des infiltrations majeures: rien ne se manifeste. L’immersion est étonnante: de nombreux visiteurs se promènent dans cet antre tant décrié: il a suffit de quelques affiches et d’un peu de battage médiatique pour [re]donner vie à cette épave bien cachée : sous les pavés, la plage: pourquoi pas le musée?
Ce vendredi 13 avril, contrairement au présupposé des superstitions, je suis ressorti indemne de cette visite, et pour le prouver, je vous livre volontiers quelques vues du chantier des niveaux -5 et – 6, qui témoignent de la fébrilité des acteurs de terrain
activité fébrile au niveau -6 ©delirurbain 2012
les stores blancs correspondent au niveau -4 déjà occulté
le niveau -6 présentant les stigmates du maçon:
échafaudages, échelles, blocs de béton cellulaire, etc…
Et pour clore la journée une vue de ces pavés tant décriés en 1968, à la fois arme menaçante et cachette surprise du musée à la plage